Direction Conakry, plus on s’approche, plus il y a de monde. Les voitures sont de plus en plus chargées, et on découvrira bientôt qu’on a encore rien vu. Heureusement, la nourriture sur le bord de la route est bonne : un classique, le riz gras, avec du poisson et ici du chou.
Un peu de répit avant de s’engager dans la ville : nous trouvons un spot sympa avec une cascade que nous pouvons rejoindre en quelques minutes de marche.
Et le lendemain c’est parti, on rentre dans Conakry. La ville s’étend le long d’une péninsule, sur près de 30 km de long. C’est un peu comme Dakar, mais en pire. Et comme c’est une péninsule, il n’y a qu’une voie d’accès. En arrivant un dimanche, on s’en sort un peu mieux que d’autres qui ont mis 3h pour quitter la ville.
La première étape c’est l’aéroport, pour faire inscrire le visa dans notre passeport. A la frontière seul notre visa électronique imprimé a été tamponné, et certains voyageurs ont eu des problèmes avec ça à la sortie du pays. Malheureusement la personne en charge n’est pas là et nous poireautons 2 bonnes heures avant de pouvoir repartir.
Nous réservons deux nuits à l’archevêché de Conakry. La chambre est franchement nulle mais c’est pas trop cher et proche du quartier des ambassades, on s’en contentera. Puis nous commençons nos formalités : nous déposons d’abord la voiture au garage pour quelques remplacements de pièces et nous nous rendons à l’ambassade de Côte d’Ivoire pour notre demande de Visa.
Conakry est l’étape la plus logique pour nos demandes de Visa : on peu y faire ceux de la Côte d’Ivoire, des deux Congo et du Nigeria. Une fois le premier en cours (Côte d’Ivoire), on part se renseigner pour les autres. Et là le verdict tombe : les ambassades du Nigeria et de la RDC sont fermées jusqu’à début janvier, nous sommes le 22 décembre. Hors de question de passer tout ce temps dans cette ville que nous souhaitons quitter au plus vite ! Nous revoyons nos plans, et reportons les demandes de visas à Abidjan, puis Accra et Cotonou. Nous passons la soirée en compagnie de Mohammed et Clara, un couple de voisins belges que nous serons certainement amenés à recroiser plusieurs fois puisqu’ils font la même route que nous. Un bon débrief du bordel Conakry en autour de quelques bouteilles de la bière nationale, la… Guiluxe !
Le lendemain nous récupérons nos passeports accrédités du visa de la Côte d’Ivoire, la voiture, et nous quittons Conakry, sa circulation, sa pollution, ses contrôles policier, ses queues de poissons, ses klaxons… 3 jours ici et on a l’impression d’y avoir passé une semaine.
C’est donc épuisés que nous retrouvons Camille et Séb, qui nous ont trouvé un superbe endroit à proximité d’une cascade, pour changer ! 2 jours au calme qui nous permettent de recharger les batteries.
Et ça tombe bien puisque c’est Noël, alors petit repas de fête : poulet et frites concoctées par nos hôtes ! Un peu de pâté dégoté à Conakry fera office de foie gras, du guacamole pour remplacer les toasts au saumon, quelques canettes de Guiluxe pour remplacer le champagne, on s’y croirait presque.
Après cette pause bien méritée nous reprenons la route, avec de nouveau quelques cascades, le site du voile de la mariée puis celles de Tinkisso.
Nous traversons la Haute-Guinée en deux jours, il y a moins de sites touristiques. C’est d’abord 400 km de route goudronnée et en bon état, chose suffisamment rare pour être soulignée, entre Mamou et Kankan. Puis une piste pas trop mauvaise sur 175 km jusqu’à Kérouané, mais très fréquentée et avec beaucoup de camions, et donc beaucoup de poussière.
Petit aparté sur les contrôles de police le long de la route : ils sont nombreux, police, gendarmerie ou armée. Certains nous laissent passer, d’autres nous arrête pour un contrôle où pour échanger quelques mots. Il arrive rarement que l’on nous demande quelque chose pour que l’on puisse continuer notre route, ou que l’on nous demande des papiers qui n’existent pas en espérant un petit bakchich. Et les locaux eux-mêmes ne s’arrêtent pas toujours quand l’agent leur fait signe de se ranger sur le côté, même en insistant, la voiture continue et une fois passée l’agent fait comme si rien ne c’était passé ! Assez lunaire comme situation pour nous européens, mais cela ne nous a pas empêché de les imiter quelques fois !
Nous bifurquons sur une piste moins fréquentée pour rejoindre Macenta. On traverse des villages plus isolés, et le moindre arrêt se transforme en événement ! Alors que nous souhaitons simplement acheter du pain, la moitié du village vient nous voir et on nous demande si on peut emmener une dame au village suivant, 8 km plus loin. Bon on avait mal compris, c’était trois dames en fait, la voiture n’a que deux places mais en se serrant, ça passe…
Et arrivés au village suivant re-belote, et séance photo avec les enfants.
Terminé la Haute-Guinée, nous voici en Guinée forestière. Nous nous rendons au centre de recherche agronomique de Sérédou, où nous espérons en apprendre un peu sur les cultures du coin et notamment sur le café. C’est M. Moury Haba qui nous accueille, un peu désespéré parce que rien ne fonctionne : la machine de torréfaction est HS, le labo ne fonctionne pas non plus, mais il met tout de même énormément de bonne volonté à nous expliquer plein de choses sur le café, le cacao et l’agriculture locale. Il nous explique notamment qu’à cause de la corruption, les chiffres sur les exportations de café sont tirés vers le bas pour une question de taxes et le budget alloué à la recherche, basé sur un pourcentage de cette exportation, est dérisoire.
Il nous redirige vers une entreprise locale : Macenta beans, que nous visitons le lendemain. Nous sommes accueillis par le directeur et son associé, un peu surpris de nous voir et qui ne savent pas trop ce qu’ils peuvent nous proposer. Mais nous passons finalement 3h sur place, et Mamy, le directeur, nous explique les différentes étapes de la production du café, même si le site n’est pas à proprement dit un site producteur. Ils « fabriquent » les plans de café, les donnent aux agriculteurs qui les plantent, font croître puis récoltent le café. Macenta beans rachète le café brut, puis le sèche, le dépulpe et le décortique avant de l’exporter, torréfié ou non.
C’est également un site expérimental sur plusieurs types de cultures, une de leur vocation étant de montrer des pratiques différentes aux agriculteurs locaux. Un exemple marquant est la culture du poivre. Les agriculteurs ont pour habitude de couper les arbres pour pouvoir planter, et de revendre le bois de ces arbres coupés. En diversifiant leur culture, par exemple en faisant pousser du poivre sur les arbres, la vente de ce poivre peut rapporter deux fois le prix de celle de l’arbre.
Et vient finalement l’étape principale : la dégustation du café. On en achète deux paquets de cet excellent robusta, l’un des meilleurs au monde paraît-il. Produit malheureusement pas assez connu, en effet qui connaît le café guinéen en Europe ? Comme nous le disait Moury Haba, la filière du café en Guinée c’est principalement un problème d’organisation. Ainsi, le Sénégal est un produit exportateur de café, alors qu’il n’en produit pas et que le café qu’il exporte est celui… de Guinée.
Nous retrouvons pour le soir du 31 Sofia et Tim, que nous avions rencontrés au Sénégal voilà bientôt 1 mois. Ils ne sont pas seuls et accompagnés de deux couples qui font le voyage en camion. Il faut de la place pour caser tout ce monde et c’est à côté du stade de foot du village de Bonkamadou que nous nous installons tous. Ca n’est pas tellement dans nos habitudes de rester aussi près d’un lieu habité pour la nuit, et nous devenons vite le centre d’attention du village.
Heureusement tout ce beau petit monde rentre chez lui une fois la nuit tombée et c’est parti pour une soirée du 31 avec tout ce qu’il faut : lumières, musique, dancefloor, bière, et même une bouteille de champagne pour accompagner le feu d’artifice !
Lendemain difficile, surtout pour ceux (pas nous) qui se sont couchés vers 6h du matin. Il y a encore plus d’enfants que la veille. Mais alors vraiment plus, on en compte une bonne cinquantaine, on dirait qu’ils pourraient rester là à nous regarder pendant des heures. On essaye d’installer quelques règles et des zones à ne pas franchir pour ne pas être submergés par le nombre !
Tout se passe relativement bien jusqu’à ce que l’un d’eux tente de se faufiler dans notre voiture, et il n’en faudra pas plus pour que Leslie sorte de ses gonds et chasse tout se petit monde en quelques secondes. Le fautif file en courant, le reste du groupe se disperse et nous finissons par remballer pour aller retrouver du calme le long d’une rivière à quelques kilomètres de là.
Autre visite d’un site agro-culturel le lendemain, celui tenu par les sœurs de Sérédou, qui est également un centre de formation à diverses techniques d’agriculture. Nous y retrouvons Moury Haba, du centre de recherche agronomique, qui nous a conseillé l’adresse pour un repas.
En quittant Sérédou et en se rapprochant de la frontière de la Côte d’Ivoire, nous espérons voir l’un des ponts de liane utilisés pour traverser les rivières du coin. Nous en découvrons un, un peu par hasard en fouinant sur Google Maps, et nous y arrivons après une jolie balade dans la forêt.
Mais au moment de rebrousser chemin, plusieurs personnes arrivent pour nous demander de payer pour la visite du pont. Sur le principe pourquoi pas, d’autant que l’on sait que certains sont payant dans le coin, et que cela peut permettre de les entretenir. Mais là leur approche est agressive, et le prix demandé est exorbitant : 55 € ! Nous éclatons de rire face au prix, essayons de leur expliquer que ça n’est pas une façon de faire : il n’y a personne quand nous arrivons et une fois que nous nous apprêtons à repartir ils débarquent en demandant une somme complètement incohérente. Ils ne laissent pas de place à la discussion, nous « forçons » donc un peu le passage pour retourner à notre voiture et surprise, arrivé à notre voiture deux de leur collègues nous attendent ! Ils nous disent qu’il faut aller payer au chef du village suivant, ce qui nous arrange bien puisque cela nous permet de redémarrer et de les laisser au bord du chemin. Épisode un peu triste puisque avec un peu de communication au préalable, un simple panneau informatif par exemple avec le prix (raisonnable !) indiqué, nous nous serions acquittés du prix sans soucis.
Et nous quittons finalement la Guinée, après 25 jours passé dans ce pays plein de ressources qui mériterait d’être plus connu. Des paysages variés, des nuits fraîches (oui oui c’est important) et une population accueillante, mais qui souffre certainement de son manque d’infrastructures touristiques.
bisous bonne année
Merci pour cette découverte de la Guinée! Vos téléphones captent encore le soir pour un appel? Bonne poursuite de l’aventure à vous!
Oui un pays qui mérite d’être mieux connu. Et on essaye d’y contribuer ! Vous y contribuez aussi. Alors merci pour ces deux articles partagés qui donnent une belle image et un bon aperçu de ce que peut être un séjour en Guinée, avec des hauts et des bas, des rencontres sympas et d’autres beaucoup moins, avec de la fatigue et des moments de plaisirs simples en pleine brousse, avec des sites naturels apaisants et des capharnaüms urbains un peu stressants, … Bonne continuation !