La fin d’un rêve

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Jeudi 21 novembre, 16h11.

 

Je suis de retour en France pour quelques jours. Je reçoit un appel de Leslie : « Jérôme, on est en Bosnie, j’ai fait un accident. J’ai fait des tonneaux. Je vais bien, Caroline aussi, la voiture est HS ».

 

Retour en arrière…

 

Quelques jours plus tôt, nous sommes en compagnie de Caroline et Grégory, avec qui nous faisons un petit bout de route vers le nord de la Grèce. Le vendredi 15 novembre, nous apprenons coup sur coup la nasissance d’une petite nièce, Léonie, et le décès de ma grand-mère, Bernadette. Je retourne à Lille pour les obsèques. Après beaucoup de réflexion, nous décidons de nous organiser de la sorte : je prendrai l’avion depuis Tirana, pendant que Leslie continuera la route, pour me récupérer quelques jours plus tard à Venise, où Lucie et Florent viennent nous rejoindre pour quelques jours.

 

Déjà, nous pouvons remercier Greg et Caro, qui ont changé leur programme pour ne pas laisser Leslie seule. Ils comptaient prendre un ferry vers Venise, et ils feront finalement la route avec Leslie jusqu’en Slovénie.

Jusqu'ici tout va bien

 

C’est donc rassuré que je me rends à Charleroi, puis à Lille. Tout se passe comme prévu jusqu’à ce fameux coup de fil. De la pluie, qui a rendu la chaussée, déjà de mauvaise qualité, pire qu’une patinoire. Un camion qui arrive en face, débordant un peu de sa voie. Un léger coup de volant, pour l’éviter. Le véhicule qui commence à déraper, perte de contrôle, et une pierre mal placée sur le bord de la route qui sert de tremplin à la voiture qui part en tonneaux. Par miracle, Leslie, qui conduisait et Caroline, alors passagère, n’ont rien. Juste quelques bosses et hématomes. Et la peur de leur vie. Aucun blessé, inespéré au vu de la violence du choc.

 

Grégory, qui ouvrait la route, s’aperçoit vite d’un problème, voyant qu’il n’est plus suivi. Il fait alors demi-tour, voit une file de voiture, et comprends immédiatement. Soulagement immense lorsqu’il voit Caroline et Leslie, saines et sauves, qui ont réussi tant bien que mal à s’extraire du véhicule.

 

C’est alors que Grégory va absolument tout prendre en main. La gestion de la police, qui arrive sur les lieux et n’est pas très coopérative, souhaitant apparament en faire le moins possible. Le premier appel à l’assurance. Réussissant à mettre ses émotions de côté pour faire le maximum au niveau administratif.

 

De mon côté, à 1500km de là, un sentiment domine ; l’impuissance. Je ne suis pas là où je devrais être, avec Leslie. Je ne peux pas aider. Je peux juste réaliser une chose : cela aurait pu être bien pire.

 

La voiture est finalement évacuée, et ils dorment tout les trois près du commissariat, où bizarrement, après la coopération difficile un peu plus tôt, un repas leur est chaleureusement offert.

Le lendemain, nous arrivons, grâce à la connexion internet du dépanneur, à communiquer plus facilement. Je change une dizaine fois de plans dans la matinée. Je les rejoins en avion, puis non, puis Leslie se fait rapatrier, puis non… Impossible de faire le choix le plus judicieux, il faut attendre que les procédures avancent un minimum. La voiture est sensée être rapatriée en Croatie. Mais finalement, nous décidons de la vendre au dépanneur pour pièces. Incroyable, la voiture démarre ! Le moteur est encore bon ! Grégory réussit donc à nous négocier un prix correct, plus avantageux que le rapatriement en Croatie, avant une éventuelle revente…

 

 

 

Et c’est encore Grégory qui trouve pour nous la meilleure solution. Ils réussissent à charger tout notre équipement, bagages et meuble de la voiture dans leur camping-car, et commencent la route vers l’Autriche, pendant que je récupère un fourgon de location pour faire la route depuis Lille, dans l’autre sens.

 

Après 1100km et 11h de route, en compagnie d’Hélène, qui a eu l’extrême gentillesse d’insister pour venir faire la route avec moi (et sans qui je ne serait pas arrivé aussi loin, aussi vite !) les retrouvailles ont enfin lieu, dans la petite ville de Spittal an der Drau. Enfin, on peut tous lâcher un peu de lest. Le plus dur est derrière nous. On récupère tous nos bagages, on passe quelques heures ensemble, et nous repartons.

 

Nous ne remercions jamais assez Greg et Caro. D’avoir accepté de dévier leur route, pour rester avec Leslie quelques jours. Et Grégory, qui a géré l’incident avec un sang-froid exceptionnel. D’avoir reconduit Leslie sur la moitié de la route vers chez elle. En voyage, les liens se crééent plus vite, nous avons tous une vie similaire. Mais après une épreuve comme celle-ci, quelque chose de plus en sort. Encore une énième fois, mille merci à tous les deux.

 

Il nous faut maintenant réfléchir à la suite. Contacter les assurances, pour obtenir les remboursements des frais de rapatriement. Monter un dossier pour la récupération de la caution laissée pour l’obtention du carnet de passage. Nous étions sensés faire viser ce document par la police ou la mairie, à la fin de notre voyage, pour prouver que la voiture était bien de retour en France. Il nous faut fournir les documents prouvant que nous l’avons vendue, et qu’elle est épave.

Et aussi, que faire. Repartir, vers le Maroc, là où nous voulions terminer notre voyage ? Tout terminer, sur une note un peu terne ?

 

Une chose est sûre, ce voyage tel que nous l’avons rêvé est terminé. Malgré la déception, il nous faut relativiser. Cela aurait pu se terminer de façon bien, bien plus dramatique. Nous avons réalisé notre rêve : retourner en Iran, et faire le tour de ces pays méconnus d’Asie centrale. Nous avons vécu 8 mois incroyables. 45000km parcourus, 19 pays traversés. Il n’y a pas d’échec, juste un arrêt prématuré.

 

Une chose est sûre. Dans 1 mois, dans 1 an ou dans 5, nous repartirons sur les routes.

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Dolene MAUGER
Dolene MAUGER
4 années il y a

Coucou ça fait un moment que je n’étais pas passée par ici ..
récit incroyable mais positivé au rendez vous.! Bravo !

regine bajart
regine bajart
4 années il y a

bravo,

regine bajart
regine bajart
4 années il y a

l’amour, l’amitié sont des richesses exceptionnelles, vous les aurez toujours avec vous et vous serez toujours reconnus pour ce que vous êtes, et bonheur à tous ceux qui vous ont aidés.

Bajart Jacques
Bajart Jacques
4 années il y a
Reply to  regine bajart

Le temps qui passe n’efface rien… chacun de nous gardera les souvenirs des souffrances subies par les uns et les autres avec une intensité et une presque simultanéité incroyables. Gardons précieusement en nos cœurs ces souvenirs précieux.