En haute altitude dans le Pamir

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La route du Pamir part de Douchanbé, pour rejoindre Och, au Kirghistan. Enfin pour être très précis, la route du Pamir rejoint Khorog à Och (Kirghistan, 300km après la frontière), alors que la M41 rejoint Douchanbé et la frontière du Kirghistan. Mais restons simple et parlons simplement de route du Pamir.

 

La région du Pamir représente 45% du territoire du Tadjikistan, mais seule 3% de la population y vit. C’est également la région la plus pauvre du pays, mais l’arrivée de nouvelles techniques agricoles aide au développement.

 

Nous devons d’abord rejoindre Khorog, par la route du sud, en bien meilleur état que celle du nord d’après ce qu’on sait, mais plus longue. Le lac réservoir de Nourek est notre premier arrêt photo (et dodo).

 

La route continue vers la frontière afghane. En chemin, il y a un mémorial en souvenir de 4 cyclistes victimes d’un attentat en juillet 2018. Ils ont eu la malchance de croiser la route de l’Etat Islamique.

 

En fin de journée, nous atteignons la Pandj, la rivière qui sert de frontière avec l’Afghanistan. Nous allons la longer pendant près de 700km. Cela peut sembler inconscient de notre part, mais à aucun moment nous nous sommes sentis en danger, et nous étions bien renseignés (avec d’autres sources que le site du gouvernement, dont les informations ne suivent pas toujours la réalité du terrain). Au petit matin nous avons plusieurs visiteurs, des vaches qui viennent prendre le petit déjeuner et deux enfants à dos d’âne venant du village en contrebas.

 

Nous sommes agréablement surpris globalement du bon état de la route jusque Kalai-Khoum, où lors de notre petite ballade dans la ville nous sommes accompagnés par un groupe de petites filles.

 

La route se poursuit très tranquillement, on traverse de nombreux petits villages où les « hellos » des enfants semblent arriver de partout à la fois. Comme dans les monts Fans, on est obligé de ralentir pour répondre à tout ces saluts !

Un village afghan, juste de l'autre côté de la rivière

 

Pour la pause déjeuner, nous sommes en compagnie de Françoise et Phillippe (54 et 57 ans !), deux français qui parcourent le Pamir à vélo. Et ceux sont loin d’être les seuls, de nombreux touristes s’aventurent à bicyclette sur ces routes en haute altitude. Leslie décide alors de changer de moyen de transport pour une quinzaine de kilomètres.

La Pandj, séparant le Tadjikistan et l'Afghanistan

 

Nous nous retrouvons tous les 4 pour le bivouac du soir, avec une superbe vue sur les montagnes afghanes, et ça n’est que le début…

 

Pour traverser le Pamir, la route la plus courte est celle de la vallée du Bartang. Nous faisons un léger détour dans cette région très isolée, avant de reprendre la route vers Khorog.

 

Pendant ce temps là, Françoise et Phillippe on eu le temps de nous doubler, et nous les rattrapons pour un nouveau déjeuner en leur compagnie.

 

Nous arrivons le soir à Khorog, la plus grande ville du Pamir, et la seule qui soit différente d’un gros village. Nous pouvons faire le plein de carburant et de provisions, avant d’entamer la vallée du Wakhan, ce tronçon de la route du Pamir qui longe l’Afghanistan jusqu’au lac Zor-Koul.

 

En chemin, nous faisons quelques marches et nous nous arrêtons à une source chaude. Quelques points sont à préciser : il s’agit de sources publiques où les hommes sont séparés des femmes et, où le port de maillot de bain est à bannir.

 

Entre Khorog et Langar, c’est une succession de petits villages, nous sommes d’ailleurs surpris par leur nombre, nous qui nous attendions à une région quasi-déserte. S’enchaînent donc les « hellos » plus accueillant les uns que les autres, les invitations au thé, les auto-stoppeurs locaux que nous arrivons à prendre malgré nos deux places, et même un match de foot sur la plage. Le tout sur une route magnifique avec des vues toutes plus belles les unes que les autres.

 

Donc, tout se passe bien ! Alors on se décide de s’amuser un peu lorsque l’on voit des dunes près de la rivière. On s’enflamme un peu et là, c’est le drame. Le sable est trop mou, on s’est pris pour des pilotes du Dakar et notre chère Bajmobile se retrouve bien ensablée. Après deux heures d’effort, on arrive finalement à s’en sortir, promis on nous y reprendra pas de sitôt ! On se remet de nos émotions dans une source chaude… que c’est agréable de prendre un bain et de se désensabler !

Oups la boullette...
Bah faut creuser !
Enfin fini !

Juste avant Langar on se fait une petite ballade qui nous emmène un peu plus dans les hauteurs, dans un petit village de 25 habitants seulement.

 

Une fois le village de Langar passé, le décor change radicalement. Plus de villages, quasiment personne sur la route à part quelques bergers, et un paysage quasi-désertique, avec de moins en moins de végétation. La route est plus difficile, mais on maintient notre rythme très tranquille d’environ 70-80km par jour, soit 3h de route maximum.

 

Mais nous n’avons jamais été aussi proche de l’Afghanistan. A certains endroits, la rivière fait à peine 20m de large, et il serait très facile de la traverser. Nous campons d’ailleurs face à des bergers afghans, avec lesquels nous ne pouvons échanger que quelques signes.

A quelques mètres de l'Afghanistan

 

Là où la route du Wakhan rejoint la route principale du Pamir, nous bifurquons vers le lac Zor-Koul. Il faut un permis spécial pour rentrer dans cette zone protégée, que nous avons obtenu à Khorog.

 

De l’autre côté de la rivière, nous apercevons yacks, chameaux et bergers afghans. Et du côté tadjik, nous sommes invités pour le thé par des guides tadjikes qui font visiter la région à un groupe de touristes japonais.

 

La route comporte quelques passages compliqués, plus ou moins boueux, et quelques franchissements de rivières. Et là où dans le Wakhan, on était à flanc de montagne, ici la vallée s’élargie et nous sommes entourés de montagnes enneigées.

Sur la route... Mais ou est elle ?

 

Nous avons dépassés les 4000m d’altitude, il fait plutôt bon au soleil mais le vent est glacial. La région n’est habitée que par quelques bergers, et de juin à septembre uniquement. L’un d’eux nous invite pour un petit gouter, un lait fermenté sucré (et très bon !) Les distractions ne sont pas nombreuses ici, et on imagine qu’ils sont contents lorsqu’ils ont un peu de compagnie. La nuit précédente ils ont d’ailleurs hébergés un cycliste.

 

 

Plus on avance dans cette région, plus on se sent isolés. On s’arrête une nouvelle fois dans une petite maison, cette fois on nous propose un thé au lait. Et comme nous le faisons habituellement, nous leur donnons un petit polaroïd de leur famille.

 

 

Nous passons la nuit au bord du lac, par -4°. Non loin de nous, 3 tadjikes campent également. Ils pêchent du poisson qu’ils revendront au bazar de Khorog. Et de nombreuses marmottes nous tiennent également compagnie.

 

Un peu plus loin, on retrouve les véhicules du tour-opérateur rencontré la veille. On avait partagé le déjeuner la veille avec eux, et cette fois il semblent nous attendre. En effet, leur deux véhicules sont coincés dans la boue ! Après quelques minutes de discussion on comprend qu’ils ont essayé pendant 1/2h de s’en sortir, sans succès, et leur chauffeur était convaincu de notre proche arrivée. Nous tractons donc les 2 véhicules hors de la boue, et nous sommes gentiment conviés (de nouveau!) à leur repas en guise de remerciement.

Mission accomplie, tout le monde est passé !

 

Nous les suivons ensuite jusque Jaraty-Gumbaz. Nous avons également eu de la chance de retomber sur eux, puisque l’itinéraire principal pour s’y rendre est très boueux et difficlement praticable, et ils nous montrent une route plus clémente.

 

Et nous rejoignons ainsi une homestay plantée au beau milieu de nulle part. L’occasion pour nous de profiter de sources chaudes, et de prendre un bon bain chaud bien mérité en ces temps très froids. Il y a encore pas mal de neige à cette altitude, et la température dans la nuit repasse sous 0 degrés.

Joli T-shirt blanc

 

Le lendemain nous passons à proximité d’un vieil observatoire russe. L’endroit semble abandonné depuis quelques temps, et les baraques à proximité font un peu ville fantôme, ce qui donne un aspect très lugubre à l’endroit.

Les routes ultra-désertes et isolées de cette partie du Pamir

 

La route vers Mourghab continue dans un décor lunaire, et nous redescendons enfin un peu en altitude. Cette ville semble posée là, au milieu de nulle part, c’est désertique avant, désertique après. Et dans le bazar, ce sont des contenairs qui servent d’étals.

Le comité d'accueil
Quelques yacks dans les rares prairies alentours

 

Avant de rejoindre le lac Kara Koul, nous passons le col Ak Baital, à 4655m d’altitude, qui sera le point culminant de notre voyage.

 

Le passage au Kirghistan se fait dans le froid et sous la neige, au col de Kyzyl Art, à 4282m d’altitude. Aucun problème pour cette frontière, si ce n’est la route dans un état déplorable.

 

Nous avons passé un peu plus de 3 semaines au Tadjikistan. Un vrai coup de cœur pour ce pays, avec des décors fantastiques et un accueil que l’on imaginait pas si chalereux. Un peu de regret de le quitter, mais nous sommes également impatient de poursuivre notre route !

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Cécile
Cécile
4 années il y a

C est une très belle idée de laisser une photo polaroïd aux personnes que vous rencontrez.

regine bajart
regine bajart
4 années il y a

que de la magie, des paysages tout à fait différents. J’admets que je ne passerai par par certains chemins ou routes.
les couleurs sont parfois surprenantes.
on ressent bien que la vie dans les petits villages ne doit pas être simple, mais vous leur apporter un rayon de bonheur, j’en suis certaine.
que de beaux échanges.
je trouve qu’il y a plus de photos de votre voiture que de vous deux , vous l’aimez vraiment votre titine.
bisous et bon vent

Matt
Matt
4 années il y a

Enjoy !
Et la Bajmobile, elle assure ?:-)
Bonne route