Le Kaokoland

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La Namibie, c’est peut-être le pays que nous attendons le plus depuis le début de ce voyage. Tout le monde nous en parle — des voyageurs, bien sûr, mais aussi de nombreux Angolais : lorsque nous leur disions que nous trouvions leur pays très beau, ils nous répondaient invariablement : « Attendez de voir la Namibie. » De grandes attentes, donc… Espérons qu’elles ne soient pas trop grandes, histoire de ne pas être déçus !

La seule mauvaise nouvelle, c’est que nous y arrivons deux semaines trop tard. Depuis le 1er avril, la Namibie applique le principe de réciprocité en matière de visas. Et puisque les Namibiens ont besoin d’un visa pour se rendre en France, nous aussi désormais. Et aussi : à partir de maintenant, on roule à gauche !

Après une matinée à attendre l’activation de notre carte SIM, nous visitons les chutes de Ruacana. Le site est bondé (week-end oblige), mais les chutes sont impressionnantes.

 

Nous longeons ensuite la frontière angolaise, séparés par la rivière Kunene. L’objectif : rejoindre les chutes d’Epupa, à une centaine de kilomètres vers l’ouest. Le bitume laisse rapidement place à une piste plutôt correcte. Elle suit la rivière, qui est bien haute : de nombreux arbres sont partiellement immergés, et l’eau déborde parfois sur la piste. Nous croisons un Namibien en 4×4 qui a fait demi-tour à cause d’un passage trop profond. Il nous dit que ça ne passera pas — mais que nous pouvons toujours essayer. Défi accepté ! En effet, c’est bien profond… mais en passant sur le côté, en serrant les fesses dans le dévers, ça passe !

Quelques kilomètres plus loin, la rivière a littéralement envahi la piste. Pas le temps de tergiverser : des enfants accourent et nous indiquent un chemin de contournement.

Bon là c'est costaud

Ce sont des Himbas, habitants du Kaokoland, l’une des régions les moins peuplées du pays. Quelques bananes en guise de remerciement : elles disparaissent en quelques secondes !

Mais Bison Fûté veille sur nous

 

Nous bivouaquons au bord de la rivière, dans un superbe spot, sans le moindre dérangement — même pas un crocodile.

 

Le lendemain matin, petit nettoyage du radiateur, qui se remplit d’herbes sèches lorsqu’on traverse les hautes herbes.

Rouler là-dedans...
Ca donne ça !

 

Nous reprenons la piste, toujours vers l’ouest. Un nouveau passage compliqué apparaît rapidement. Encore une fois, un contournement rocailleux permet de passer.

 

Mais ça commence à faire beaucoup… et ce n’est pas prêt de s’arrêter : deux kilomètres plus loin, rebelote. Cette fois, impossible de contourner la rivière en crue. Il faut sonder le fond à pied. L’eau monte parfois jusqu’à mi-cuisse de Jérôme, mais nous finissons par trouver un passage un peu moins profond. Gaz à fond, ça passe ! Et même la montée boueuse suivante se franchit sans encombre.

 

Un peu plus loin, nous croisons un local qui parle quelques mots d’anglais. Epupa est encore à 70 km. Il nous affirme que la route ne passe plus du tout. Après hésitation, demi-tour. Nous contournons par le petit village de Swartbooisdrift, puis la D3701 au sud.

La piste est bien plus roulante. Petit regret tout de même d’avoir fait demi-tour : on aurait bien aimé tenter notre chance !

C'est tout de suite plus facile

 

Nous arrivons enfin aux chutes d’Epupa. Malheureusement, les photos depuis le point de vue surélevé ne rendent pas justice au spectacle.

 

Nous faisons la connaissance de Cecilia et Jenny, deux Sud-Africaines, accompagnées d’Adi et Humu, qui vivent au Cap. Ils nous apprennent que la piste où nous avons fait demi-tour était complètement impraticable plus loin, la route ayant été emportée par les inondations. Aucun regret, donc. Ils nous disent aussi que le débit est exceptionnel cette année : d’habitude, les chutes sont deux fois moins larges. La pluie a bien fait son œuvre.

 

Nous visitons ensuite le petit village d’Epupa, composé de quelques habitations, d’un minuscule magasin vendant essentiellement des conserves, et de quelques campings-lodges le long de la rivière. Nous déjeunons dans l’un d’eux, puis nous installons dans un camping proche du point de vue. Baignade, promenade le long des chutes, et soirée avec nos voisins sud-africains qui nous initient à l’art sacré du braai (barbecue) — un sujet très sérieux là-bas !

Petit déjeuner avec vue avant de reprendre la route vers Opuwo. Nous promettons de passer voir Jenny et Cecilia au Cap.

 

Direction plein sud cette fois : la piste traverse de petits villages Himbas. Durant notre pause déjeuner, certains curieux nous rejoignent pour nous observer, une tradition bien africaine.

 

À une quarantaine de kilomètres d’Opuwo, nous réalisons que le pneu regonflé le matin-même est à plat. Deuxième crevaison du voyage après celle en Angola. Nous atteignons Opuwo juste à temps pour faire réparer.

Aucun rapport mais voici des autruches

 

Mais après une centaine de kilomètres de piste, rebelote : le pneu fuit à nouveau. La réparation n’a pas tenu. Les mèches ne suffisent pas, et nous décidons prudemment de faire demi-tour. Avec une roue de secours déjà en mauvais état, mieux vaut ne pas s’aventurer plus loin.

Retour à Opuwo pour commander de nouveaux pneus. Après 30 000 km de bons et loyaux services, il est temps de dire adieu aux anciens.

Nous retrouvons Aurélien et Orane (une énième fois, on ne les compte plus !) et visitons un village Himba avec un guide, indispensable pour traduire et expliquer.

 

À notre arrivée, le chef étant absent, le guide demande l’autorisation à la doyenne des femmes du chef, moyennant quelques courses faites en ville. Une fois l’accord obtenu, nous descendons du camion et commençons les échanges.

 

 

Les Himbas sont éleveurs, mais consomment peu de viande. Le lait est leur ressource principale. Les femmes, parées de nombreux bijoux, arborent des ornements parfois esthétiques, parfois symboliques. Le collier blanc des jeunes filles signale qu’elles ne sont pas encore pubères ; il est remplacé par un collier de cuivre après la puberté. Une lanière à la cheville indique un enfant ; deux, deux enfants ou plus.

 

Curieux de notre mode de vie, ils nous interrogent, notamment sur notre métier. Pour simplifier, Leslie devient « chef cuistot » — plus parlant que « responsable qualité et affaires réglementaires » ! Ce n’est pas si simple malgré tout : le guide doit expliquer qu’en France, on peut gagner sa vie en cuisinant.

Les femmes ne se lavent pas à l’eau, mais s’enduisent le corps d’un mélange d’argile et de crème de lait de vache, qui les protège du soleil et des insectes.

 

Avant de partir, Aurélien propose de leur donner de l’eau : le point d’eau est à 8 km à pied, avec des bidons de 20 litres. Ils acceptent avec joie, et les 400 litres du camion sont rapidement distribués.

Après une bonne nuit dans un camping (avec piscine !), nous repartons à l’assaut du Kaokoland et de ses pistes isolées. Pas question d’abandonner !

 

Et nous avons bien fait : deux troupeaux de springboks et quelques girafes croisent notre route. Les voir en liberté, hors d’un parc, est un vrai plaisir.

 Nous visons la vallée du Marienfluss. Plusieurs pistes y mènent, certaines très techniques, comme le célèbre col de Van Zyl, que nous évitons par un long détour. Deux options : le col de Joubert ou une route plus facile à l’ouest. Nous prenons le col et réserverons l’autre pour le retour. À peine remis de nos émotions girafes, la route devient étroite, raide et très rocailleuse. Heureusement, cela ne dure que deux kilomètres.

De tels décors, ça se mérite

Quelques barils de pétrole peints servent de repères : ici, le « red drum », marque l’entrée dans la vallée.

 

Le Marienfluss est une rivière à sec entourée de montagnes. On s’y sent minuscule, et seul, malgré les rares campements Himbas traversés. Les distances sont longues et les trajets lents : il nous a fallu 1,5 jour pour faire 200 km depuis Opuwo. Notre moyenne varie entre 20 et 50 km/h, rarement plus.

 

À l’extrémité, la rivière Kunene encore, et l’Angola en face. Nous dormons au camp Syncro, et cuisinons notre barbecue sous l’orage — même pas peur, une vieille habitude !

 

Le retour se fait par la même vallée. Nous dérangeons quelques antilopes en train de manger. De retour au red drum, nous poursuivons jusqu’au blue drum, marqueur vers la vallée de Hartmann — inaccessible pour nous faute d’autonomie en gasoil.

 

Nous contournons donc le col de Joubert par l’ouest, à travers des pistes désertiques. Malgré tout, nous croisons quelques zèbres, aussi surpris que nous.

Promis, ce sont bien des zèbres

 

Nous découvrons un « Stoneman » — sculpture de pierre posée quelque part dans le Kaokoland par un artiste mystérieux. Une trentaine existeraient, leur localisation tenue secrète. Celui-ci était bien visible, mais nous avons sûrement manqué d’autres.

 

Le paysage devient lunaire : rien ne pousse, hormis quelques cactus ; aucune vie visible, sauf des mouches.

 

En haut d’une colline, vue spectaculaire sur le désert et la Skeleton Coast au loin.

 

Puis nous approchons d’un petit village avec de nombreux lodges, au bord d’une rivière : Purros. Des antilopes nous accueillent dans le lit de la rivière.

 

Il nous faut traverser la Hoarusib. Des orages ont gonflé son niveau, le courant est fort. Impossible de trouver un passage plus sûr, il faut attendre. Nous cherchons un autre passage en vain, mais c’est l’occasion de croiser quelques girafes.

Ca ne sera donc pas là !

 

Après quelques heures de patience, un autre 4×4 tente sa chance et réussit. À notre tour ! Et tout se passe bien.

Un autre stonemen !

 

 

 

La route continue vers Sesfontein. Il nous faudra ensuite rejoindre une dernière fois Opuwo, mais nous sommes presque à court de carburant. Il y a bien une station-service ici, mais sans diesel ni essence… Nous trouvons quelqu’un qui en vend au marché noir, à 50 € pour 30 litres, alors que le prix national est normalement de 1 € le litre !


Et à Opuwo, c’est la fin de notre périple dans le Kaokoland : 800 km de piste qui nous auront parfois énervés, mais surtout émerveillés. Maintenant, cap sur le parc national d’Etosha et ses – espérons le – très nombreux animaux !

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Caudron
Caudron
4 jours il y a

C’est magnifique !!!!
De belles photos, … de belles populations octoctones.
Continuez à publier, on en a plein mes yeux aussi !

Bisous

Eric
Eric
6 jours il y a

Top les photos : impressionnant ces chutes de Ruacana !!

Dire merci avec des bananes, quelle drôle d’idée …

Leslie aurait pas un problème avec ses cheveux ?
Tonton Jéjé sait tout faire, … sauf coiffeur … LOL

Biz à vous 2,

Mehdi
Mehdi
7 jours il y a

Super !