De retour à Maun pour la seconde fois, nous retournons au restaurant où nous avions dégusté d’excellentes pizzas quelques jours plus tôt. Nous sommes rapidement invités à la table de nos voisins, Ryan, Mike et Ash, qui ont déjà quelques verres d’avance. Il s’avère que Mike dirige une compagnie proposant des vols en hélicoptère et tente de nous en organiser un pour l’après-midi… Sans succès ! Bluff ou non, nous ne le saurons jamais, mais nous nous sommes pris à rêver, l’espace de quelques instants, d’un survol de l’Okavango.
Nous sommes rejoints par plusieurs de leurs amis, dont Dave, né en Rhodésie (aujourd’hui le Zimbabwe), et Chantal, sa femme sud-africaine. Ils nous invitent rapidement chez eux pour finir l’après-midi, puis passer la soirée. Dave est chasseur et en connaît un rayon sur les animaux, particulièrement sur les antilopes de toutes sortes. Il possède d’ailleurs une pièce remplie de trophées de chasse. Il nous explique beaucoup de choses, notamment sur la chasse aux éléphants pratiquée au Botswana. De nombreux chasseurs, principalement texans, paient une petite fortune pour s’octroyer ce droit : plus de 100 000 dollars. Cette chasse est très encadrée ; si le chasseur peut repartir avec les défenses, il lui est interdit d’en faire commerce.
La soirée se termine autour du feu, puis dans le jacuzzi… Nous n’en demandions pas tant !
Le lendemain, ils nous proposent d’aller voir un phénomène peu spectaculaire mais surprenant : le début des inondations, quand les lits de rivières à sec commencent à se remplir lentement. Nous emmenons Jade avec nous, et rebelote : la journée s’enchaîne au restaurant et se termine à nouveau dans le jacuzzi… Dure la vie de voyageur !
Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et nous avons prévu une boucle de quelques jours vers l’est. Première étape : le parc national de Nxai, où nous croisons quelques éléphants et girafes, ainsi que deux renards à oreilles de chauve-souris (bat-eared fox) que nous n’avions encore jamais vus.
Nous atteignons ensuite la région des pans, d’immenses étendues d’eau désormais asséchées en cette saison. Asséchées, mais piégeuses : sous la croûte salée peut se cacher une argile très molle, et certains y sont restés embourbés pendant des heures ! Le décor rappelle le célèbre désert de sel bolivien, bien que nous n’y ayons jamais mis les pieds.
Nous arrivons à l’île de Kubu (Lebukhu), qui n’a d’île que le nom en cette saison sèche. Avec ses majestueux baobabs et les étendues de sel alentours, le décor est saisissant.
Après ces quelques jours, nous retournons une ultime fois à Maun, avant de prendre la direction du parc du Kgalagadi, au sud-ouest du pays. Ce parc est partagé entre le Botswana, la Namibie et l’Afrique du Sud, et l’on peut y circuler librement tant que l’entrée et la sortie se font dans le même pays. Il nous faudra presque deux jours de route pour l’atteindre. Plusieurs campings existent dans le parc ; nous avons réussi à en réserver deux nuits, et nous en négocions une troisième à l’entrée. Bien que souvent complets, réservés un an à l’avance, nous découvrirons vite que la réalité est tout autre. Ce parc, contrairement à d’autres au Botswana, est très bon marché. Des tours-opérateurs en profitent pour bloquer de nombreuses dates et les revendre ensuite… En pratique, il n’est pas rare que des emplacements restent inoccupés.
Le parc est réputé pour ses nombreux félins. Aurons-nous de la chance ? Nous y entrons en fin d’après-midi et croisons Enrique et Tomas, qui nous proposent de les rejoindre sur leur emplacement, mieux situé que le nôtre. Les campings sont très basiques, mais peu importe : on s’y sent seul au monde. Bon, l’absence de clôtures peut être un peu angoissante, surtout lorsqu’on sait que des lions y circulent parfois, et que les hyènes sont fréquentes la nuit. Enrique est un fin connaisseur du parc, qu’il visite pour la neuvième fois. Il nous apprend également beaucoup de choses sur la faune.
Le lendemain matin, nous partons de bonne heure. Alors que nous comptions faire une pause petit-déjeuner près d’un point d’eau, une lionne que nous n’avions pas vue se lève et vient s’y désaltérer. Nous la suivons quelques dizaines de mètres avant qu’elle ne disparaisse dans la savane.
Au fil de la journée, nous croisons quelques oryx, springboks, chacals, et même des suricates !
De retour au campement, un calao à bec rouge, le fameux Zazou du Roi Lion, se sert de notre voiture comme perchoir. Nous y retrouvons également Eva et Dany, un couple franco-argentin que nous avions croisés pour la première fois… au Sénégal ! Nous les avions par la suite croisé en Namibie puis au parc de Khwai mais très rapidement sans avoir eu le temps de vraiment échanger. Cette fois c’est la bonne !
Nouvelle nuit dans le parc, et au petit matin, la chance est de nouveau avec nous : nous suivons deux lionnes et trois lionceaux traversant un pan pour rejoindre un point d’eau. Ils passent à quelques mètres de notre voiture — un moment magique !
Enrique décide de fêter cela avec un petit verre de tequila… Il est 10 heures du matin.
Nous les quittons ensuite pour rejoindre la partie sud-africaine du parc. La route est lente, cahoteuse et sablonneuse.
Nous passons la frontière sans douane ni poste de police ; les formalités se feront à la sortie du parc. Mais les différences sont déjà notables : la piste est impeccable, les campings bien équipés (supérette, station-service, eau chaude…) et clôturés. Nous choisissons un emplacement et partons faire un petit tour — excellent choix, car nous repérons une voiture arrêtée sur le bas-côté qui nous signale la présence de plusieurs guépards !
Pas grand-chose d’autre à signaler pour le reste de la journée. Nous regagnons le camping pour la nuit, où se promènent de nombreux écureuils et mangoustes.
Le lendemain matin, nous prenons la direction de la sortie du parc. Encore une fois, la chance est avec nous : deux lionnes se tiennent juste au bord de la route.
Le reste du trajet se fait en compagnie d’oryx, d’autruches et de springboks.
Nous arrivons à la sortie du parc à 16 h 20… Pas de chance, la
frontière fermait à 16 h. Heureusement, il reste de la place au
camping, et nous passons la soirée avec Justine et Alex, deux
Français en long voyage en Afrique du Sud.
Le matin venu
nous effectuons les formalités à la frontière : cette fois, ça y
est, nous sommes
officiellement en Afrique du Sud
!