L’entrée en Mauritanie, à défaut d’être compliquée, fut assez longue ! 2H30 pour sortir du Maroc, 1h30 pour rentrer en Mauritanie où, nous sommes vite accostés par des fixeurs. Les passages de frontières peuvent êtres compliqués, ils proposent d’effectuer toutes les tâches administratives à notre place, moyennant une petite commission. Cela sera d’ailleurs le théâtre d’une petite altercation entre deux d’entre eux : nous négocions un taux de change, que l’un accepte, mais cela énerve l’autre qui trouve que le taux pas assez avantageux… Finalement ils se réconcilient et viennent voir le douanier, main dans la main, pour qu’il soit témoin de la fin de leur dispute. Mais ici, nous préférons nous débrouiller seuls en guise d’entraînement pour la suite. Et bien nous en a pris puisque, cela ne se révèle pas si compliqué, même si il faut jongler entre les différents bureaux : la douane pour l’enregistrement du passeport, un autre douanier pour l’itinéraire, encore un autre pour l’enregistrement de la voiture, puis la police pour l’autorisation du visa, puis le visa, puis retour à la police pour l’enregistrement du visa… Sans oublier bien sur, la fouille (légère) du véhicule et le passage d’un chien renifleur.
Une fois officiellement rentrés direction Nouadhibou, pour les formalités habituelles : retrait et/ou change de cash, achat d’une carte SIM et d’une assurance pour la voiture. C’est là que les problèmes commencent : nous disposons d’une carte VISA et d’une Mastercard, le seul distributeur qui accepte la Mastercard est HS et notre VISA se révèle HS également ! Nous imaginons différentes solutions et c’est finalement Dylan, un français qui travaille sur place qui nous vend ses Ouguya (la monnaie locale) en trop puisqu’il quitte bientôt le pays. Nous seront certainement amenés à le recroiser puisqu’il vit à Dakar et ses différentes missions l’amèneront un peu plus tard en Guinée-Bissau et au Congo.
Nous avions prévu de rester peu de temps à Nouadhibou, mais nous y passons tout de même 2 nuits du fait de cet imprévu. C’est déjà une grande différence avec le Maroc, et surtout au niveau de la circulation : les voitures, en bon état, font figure d’exception et, le code de la route semble être une légende. Que le feu soit rouge ou vert peu importe, on y va ! On peut se garer à peu près où l’on veut et, les rétroviseurs semblent plus être là pour décorer qu’autre chose. Mais les gens sont très accueillants, nous sommes vite appelés pour partager un thé en bord de route.
Avec Dylan, nous allons faire un tour sur le port de pêche, ou 15000 pirogues sont à quai ! Elles sont entassées à perte de vue et mieux vaut se rappeler où l’on s’est garé…
Notre problème de cash en partie résolu, nous pouvons donc quitter la ville. Bien qu’accueillante, c’est quand même un sacré bordel, et même si l’endroit où nous bivouaquons près du phare dans la petite ville voisine de Cansado est plus tranquille, le vent y souffle fort et en continu.
Deux options s’offrent à nous pour rejoindre l’est et la région de l’Adrar : via Nouakchott, la capitale, ou le long de la voie ferrée, itinéraire non goudronné mais plus court de 200 km et bien plus atypique. Nous choisissons, bien sûr, de longer la voie ferrée, qui traverse le Sahara. Cette zone était classé en rouge (formellement déconseillé), jusqu’en 2018, par beaucoup de gouvernements occidentaux, a souffert de l’absence de tourisme. La zone est désormais classée en jaune et le tourisme revient.
Mais pourquoi une voie ferrée au milieu du désert Mauritanien ? Elle permet d’acheminer le minerai de fer extrait dans le nord du pays jusqu’au port de Nouadhibou. C’est d’ailleurs le train le plus long du monde : 2 km et demi ! Nous avons l’occasion de le croiser plusieurs fois, il semble interminable, et non nous n’avons pas compté les wagons. Il sert également de train de passagers à quelques personnes ou même des touristes. Il existe un wagon passager, mais le trajet sur les wagons de minerai est gratuit.
Les 370 km de piste ne sont pas si monotones. Entre les trains, les passages de dunes et les arrêts photos, il y a de quoi faire. Les nuits sont relativement fraîches mais dans l’après-midi le thermomètre monte jusque 39°, la clim s’avère bien salvatrice ! Nous passons une nuit avec l’impression d’être seuls au monde, avec pour seul perturbation le passage du train. Et c’est un peu long ça peut durer ¼ d’heure…
Au milieu de cet isolement, on croise tout de même un campement de chercheurs d’or, qui extraient du matériau jusqu’à 30 m de profondeur, à la main, matériau qui sera envoyé à 60 km de là. Il sera traité au mercure pour séparer l’or de la roche.
Le long de cette route, il y a de nombreux abris de fortune, où des morceaux de rails servent parfois de structure, et également le monolithe de Ben Amira, plus grand monolithe d’Afrique.
La seconde partie de la piste est plus compliquée, avec de nombreux passages assez longs de sable mou, mais nous parvenons finalement à la ville de Choum, où nous retrouvons le bitume qui nous permet de relier Atar, la dernière ville d’ampleur avant notre escapade dans l’Adrar. Bilan : 370 km de piste à environ 50 km/h de moyenne, et une route (quasi) sans encombre, pourtant c’était mal parti ! Dès les 500 premiers mètres de la pistes, nous nous sommes retrouvés ensablés ! Nous avons perdons un peu de temps à nous sortir de là, et moralité : si on avait pas perdu un heure et quart, ben on serait là depuis une heure et quart.
Et à Atar, miracle nous parvenons dès le second essai (contre une vingtaine à Nouadhibou) à retirer de l’argent. Nous nous payons le luxe d’un petit Coca à peu près frais, à défaut d’une bonne bière (alcool interdit ici !). Nous dormons un peu plus loin dans le village d’Azougui sur les conseils d’un guide touristique avec qui nous avons discuté.
Le lendemain, nous faisons les courses et le plein à Atar, et nous sommes invités pour le thé par Hamadi. Le thé, c’est toujours en trois fois : le premier doux comme la vie, le second sucré comme l’amour et le troisième suave comme la mort. C’est également l’occasion pour Leslie de tester le henné sur les doigts.
Puis nous reprenons la route vers l’est pour visiter les villes de Chinguetti et Ouadane, deux anciennes villes qui se situaient sur la routes des caravanes en provenance ou en direction du Sénégal, du Mali, du Niger… Aujourd’hui leur importance est bien moindre et est surtout touristique. Elles doivent faire face à des problèmes de désertification et d’ensablement. Ces villes sont également réputées pour leurs bibliothèques, que nous n’aurons pas l’occasion de visiter, et certains manuscrits vieux de plusieurs siècles.
Nous visitons le fort Claudel, construit en 1909 pour la légion étrangère française, et la vieille ville, où l’ensablement est bien visible. Une ville nouvelle a été construite en face de la vieille ville pour parer à se problème. La visite est plutôt tranquille malgré quelques vendeuses ambulantes un peu trop insistante. C’est l’avantage de visiter l’après-midi : il y a beaucoup d’activité dans les villes le matin, beaucoup moins l’après-midi ou les gens restent chez eux pour éviter la chaleur, et l’activité reprend le soir vers 17h.
On profite d’un joli bivouac avec coucher de soleil sur la dune à la sortie de la ville, et on prend la route d’Ouadane par l’oued et le sable (80km). Un trajet fort agréable comparé à la piste en tôle ondulée que nous avons empruntée jusque Chinguetti, mais très gourmand en gasoil, notre consommation avoisinant les 20l au 100 km.
A mi-chemin se dresse l’oasis de Tamouchert, quelques palmiers et habitations au milieu des dunes.
Et enfin, au bout de la piste, Ouadane. Plusieurs problèmes ont causé l’abandon de la vieille ville : la présence de termites, les fortes pluies qui dissolvaient l’argile, qui servait de liant pour les constructions, et l’assèchement des puits. Aujourd’hui l’approvisionnement en eau est assuré par des forages plus profonds.
Ayant enchaînés beaucoup de kilomètres et d’heures de route ces derniers jours, nous prenons un peu le temps de rester à proximité de Ouadane, à l’ombre et partiellement à l’abri du vent, avant de retourner sur Atar.
Pour le retour nous choisissons cette fois la piste et non le sable pour le retour, avec un détour par la passe d’Amogjar avant de rejoindre Atar. C’était la route principale avant la construction de la nouvelle piste, qui permettait de contourner le canyon.
Nous prenons un camping pour le soir, au camping-auberge du Puigaudeau, chez Mamine et Aziza. Le nom vient d’Odette du Puigaudeau, une exploratrice française qui a fait plusieurs milliers de kilomètres à travers la Mauritanie, seule avec son chameau, dans les années 1930. Mamine est certainement son plus grand admirateur et nous raconte sa passionnante histoire. Cette femme a écrit plusieurs ouvrages sur la Mauritanie, qui servent encore aujourd’hui de référence pour les mauritaniens, toutes les cultures et us et coutumes des Maures y sont documentés.
Le désert, c’est bien joli mais il y fait chaud, et un désir de baignade se fait sentir. Heureusement, l’oasis de Tergit se situe non loin de là. Un cours d’eau y coule de façon permanente et deux bassins y sont aménagés, une baignade rafraîchissante dans un lieu très apaisant.
Sur les conseils d’un guide croisé sur place nous rejoignons une autre oasis, celle de Mhaïreth. Les guides y emmènent des groupes de touristes qui y restent 1 à 2h, et nous y passons près de 3 jours, en partie en compagnie de Ella et Federico, un couple suisso-argentin habitant en France qui fait une grande boucle Maroc – Mauritanie – Algérie – Tunisie. C’est un petit paradis, et en dehors des quelques passages de touristes nous sommes absolument seuls. Nous le sommes souvent d’ailleurs, le pays est grand comme deux fois la France, mais moins de 5 millions d’habitants, dont presque le tiers rien qu’à Nouadhibou et Nouakchott.
En marchant environ 2 km en remontant l’oued on tombe sur une autre gelta (piscine naturelle) et il faut faire attention où on met les pieds puisqu’on se retrouve sans même y prêter attention dans des sables mouvants ou on s’enfonce jusqu’aux genoux !
Nous quittons avec un peu de regrets ce lieu idyllique, mais il faut bien avancer. Nous recroisons Nadine et Patrick que nous avions rencontré le long de la voie ferrée, et nous nous dirigeons vers le sud du pays, et Nouakchott, la capitale. Nous sommes toujours en plein Sahara, la température atteint les 44° en plein soleil, rien à signaler à part les petits aléas classiques : les check-points de la gendarmerie ou de la police, où nous distribuons des fiches de renseignements (identité, numéro de passeport…) et les passages dans des villages où les enfants nous demandent des cadeaux, voire même de l’argent.
Un passage rapide à Nouakchott qui se révéle sans grand intérêt, mais qui donnerait des sueurs froides à un moniteur d’auto-école, et nous nous rapprochons du Sénégal.
Nous croisons Omar et Sandra, deux allemands qui vont jusqu’en Afrique du Sud à vélo, et c’est avec plaisir que nous leur faisons profiter du confort (relatif) que nous avons : du café et une douche, de la même façon que des voyageurs plus équipés que nous nous offrent parfois une boisson fraîche sortie tout droit de leur frigo. Nous les retrouvons le lendemain midi, en compagnie de Danielle et David, qui rejoignent eux aussi l’Afrique du Sud avec leur véhicule.
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Nous traversons le parc national de Diawling, passage obligé pour rejoindre Diama et la frontière sénégalaise. Nous longeons le fleuve Sénégal et observons de nombreux oiseaux, et même quelques phacochères et petits crocodiles !
La Mauritanie, ce fût incontestablement une très belle surprise. On a hésité jusqu’au dernier moment entre faire la route la plus courte pour rejoindre le Sénégal ou faire une grande boucle à l’est, et ce choix fût le bon ! Un léger goût d’inachevé peut-être car il y avait encore de nombreuses choses à découvrir dans ce pays, mais dans des parties lieux encore plus isolés. Nous avions goûté au désert au Maroc, et plus que savouré ici, tout au long des 2089 km que nous avons parcourus en Mauritanie.
Très sympa ce bestiaire en fin d’article !!!
Vraiment de belles rencontres, ça fait chaud au cœur.
J’ai l’impression que vous êtes bien bronzés !
pourquoi garder tout ce soleil rien que pour vous ?
Bientôt la fraicheur du Sénégal …
Je me demande bien quelle était la pensée du pilote face à la lucidité de notre Johnny … LOL
C’est dingue le nombre de Sénégalais rencontré au Sénégal (Kdo …)
Bonne route,
excellentes toutes ces rencontres que vous faites et cette entraide👍
Tjs de beaux paysages ! Bonne route 😘
Merci pour cette belle traversée de la Mauritanie. Pas trop chaudes les nuits ? Et super le Tshirt « Fricadelle » …
Le t shirt ne finira probablement pas le voyage ! Les nuits ça va grâce au désert ça baisse un peu
Si besoin on peut se collecter pour te faire parvenir d’autres tee shirt à votre prochain check point 🤣.