La Guinée derrière nous, nous rentrons en Côte d’Ivoire. Première bonne surprise : la qualité des routes augmente drastiquement, et les kilomètres sont avalés bien plus vite. Nous arrivons donc assez rapidement à la ville de Man et passons la nuit à proximité des chutes de Soubré.
Le lendemain, après un petit coucou aux singes de la forêt, nous filons tout droit vers le sud et la plage.
Sur la route, lors d’une pause café derrière les arbres, une moto se gare à côté de nous. Nous engageons la conversation et découvrons qu’ils se cachent quelques minutes, en attendant que le policier du contrôle, où ils ne se sont pas arrêtés, passe afin qu’ils puissent contourner leur route ! Chacun sa manière d’éviter la corruption. Nous arrivons à proximité du village de Taki et de sa jolie plage. Nous demandons l’accord du chef du village pour y passer la nuit et nous nous installons en compagnie de Tim et Sofia.
Mais une fuite de liquide de direction repérée plus tôt nous oblige à quitter les lieux un peu plus tôt que prévu. Nous faisons contrôler la voiture à San Pedro, dans un garage tenu par Flavio, un Italien vivant en Côte d’Ivoire depuis… toujours, en fait : il est né ici. Bilan : la crémaillère de direction est à changer. On fête ça dans le bar voisin en compagnie d’une bonne bière et de Nathan, le Néo-Zélandais croisé en Guinée, qui a lui aussi quelques problèmes mécaniques.
Et surtout, quelques gouttes de pluie font leur apparition ! Cela fait plus de trois mois, depuis le Maroc, que nous n’en avions pas eu la moindre goutte. Durant les nuits suivantes, nous aurons même droit à quelques orages.
Suite à cela, nous retournons à Taki, où nous retrouvons cette fois Séb et Camille. Poisson grillé, farniente et jeux de société, la belle vie !
Malheureusement, un autre problème surgit : c’est l’œil de Leslie qui fait des siennes et montre des signes d’inflammation. Après sa sérieuse uvéite de l’année dernière, qui a duré plus de deux mois, on ne prend aucun risque et nous nous dirigeons vers un cabinet ophtalmologique. Bilan : une conjonctivite, avec un soupçon d’uvéite et une suspicion de glaucome. Des examens complémentaires sont à réaliser ; nous restons donc quelques jours de plus sur cette fameuse plage de Taki, après un nouveau passage dans le village où l’on nous fera goûter une petite liqueur locale : le koudougou, un alcool de canne à sucre.Nous en profitons pour faire connaissance avec quelques habitants du village et pour commander un foutou, une pâte de manioc et de banane plantain accompagnée de riz, de poisson en sauce graine – la sauce des fruits du palmier – et bien sûr d’un peu de piment.
La plage est assez calme en semaine, mais le week-end, c’est une autre histoire. Beaucoup de monde vient en profiter. Une ribambelle d’enfants vient s’amuser avec nous dans les vagues ; un bon moment en leur compagnie !
Cependant, avec cet œil qui ne donne pas de signes d’amélioration et l’attente du nouveau rendez-vous chez l’ophtalmo, le moral n’est pas au beau fixe, surtout après six jours au même endroit. Nous ressentons le besoin de changer d’air et rejoignons Tim et Sofia ainsi qu’Ali et Clara près de Sassandra, à 60 km de San Pedro.
Le programme est à peu près le même qu’à Taki, avec en plus une tentative de surf (non concluante) et une séance de coiffure. C’est Tim qui s’occupe de raccourcir les cheveux de Jérôme, et pour une première tentative, c’est plutôt réussi. En même temps, difficile de se rater avec un tel modèle.
De retour chez l’ophtalmo, enfin une bonne nouvelle : l’inflammation a quasiment disparu. Par contre, le glaucome est bien présent. Un contrôle complémentaire sera effectué à Abidjan, mais en attendant, début d’un traitement de long terme avant une éventuelle opération au retour en France. Nous passons voir le consul, qui nous avait conseillé le cabinet ophtalmologique. Il nous en apprend un peu plus sur son activité. Patrick est consul honoraire à San Pedro ; il a pour mission d’assister les Français sur place et d’aider également les Ivoiriens souhaitant faire un visa pour la France. Mais, en tant que consul honoraire, il est bénévole, contrairement au consul général.
Toujours dans la région de Sassandra, nous nous rendons dans le camping d’André, au bord de la rivière. On peut, paraît-il, y apercevoir des lamantins et des hippopotames. Malchance ou manque d’animaux, nous ne le saurons pas vraiment ; toujours est-il que nous n’apercevrons ni l’un ni l’autre.
Entre-temps, c’est le PC qui nous a lâchés. Autant dire que tout le blog est en péril. Nous espérons régler ce nouveau problème à Abidjan. Nous dormons à Jacqueville la veille de notre arrivée, et quelques enfants curieux rejoignent Leslie pour sa séance de sport au bord de la plage.
Les nuits sous les cocotiers ne sont pas sans danger ; il faut bien choisir son endroit. Nous verrons souvent des noix de coco tomber autour de nous. Pesant environ cinq kilos et pouvant chuter de près de 20 m, il vaut mieux ne pas se trouver en dessous ! Notre voisin de bivouac, un Allemand nommé Luke, en fera d’ailleurs les frais : une branche de palmier lui a fracassé son pare-brise.
Une fois à Abidjan, un réparateur contacté un peu plus tôt commence le dépannage… dans la rue, à l’africaine, quoi ! Nous nous installons ensuite dans le Airbnb que nous avions réservé, avant d’en changer puisqu’il n’y avait pas d’eau courante depuis deux semaines et que le propriétaire n’avait pas jugé utile de nous en informer. Nous récupérons finalement le PC fonctionnel le lendemain, bien soulagés de pouvoir continuer sans encombre la rédaction de notre blog.
Nous devons rester quelques jours à Abidjan pour y faire les visas du Ghana et du Congo, ainsi que pour l’examen ophtalmologique de Leslie. Lors de notre première soirée sur place, nous croisons Evariste, avec qui nous partageons quelques bières.
Les jours à Abidjan ne sont pas passionnants : peu de sites touristiques, et nous sommes assez occupés. Nous passons beaucoup de temps sur la route et dans les bouchons. La ville reste tout de même agréable, moins « bordélique » que d’autres capitales africaines (Nouakchott et Conakry à jamais dans nos coeurs), et nous trouvons des denrées dont nous avions oubliés le goût comme du brie ou de la saucisse de Toulouse. Puis nous récupérons nos visas et surtout, l’examen de Leslie révèle l’absence de glaucome, une excellente nouvelle avant de quitter la ville.
Nous rejoignons donc des amis sur un camping au bord de la plage à 40 km de là. Après une première soirée placée sous le signe de la sobriété (non), la journée du lendemain est rythmée par une activité pêche : nous aidons les villageois à sortir le filet qui a été déposé le matin. Cela prendra toute l’après-midi, car tout se fait en tirant à la main depuis la plage. Heureusement la main d’oeuvre est nombreuse !
Et nous récupérons ensuite un gros thon blanc pour la modique somme de 15€, que nous dégusterons le soir même au barbecue.
Un dernier arrêt touristique : Grand-Bassam, et ses nombreux bâtiments coloniaux plutôt défraîchits.
Nous choisissons de passer la frontière avec le Ghana au nord et non le long de la côte comme la plupart des voyageurs. Bon, finalement beaucoup de piste en état moyen, mais cet itinéraire bis nous permet de vivre un moment sympa : lors d’un arrêt dans un maquis (les petits restos locaux de bord de route), on se fait accoster par quelques locaux très surpris que l’on mange « africain », et lorsque l’on s’essaye à la préparation du foutou (pate de manioc et de banane plantain) cela fait bien rire les cuisinières ! On déguste aussi de la viande de brousse, pas conseillé d’en abuser à cause d’éventuelles maladies. Pour nous ça sera de la perdrix, mais il peut arriver que le menu soit composé de pangolin, agouti (un gros rongeur), voire même de singe.
Nous passons notre dernière nuit à côté d’une plantation d’hévéas, les arbres à caoutchouc et d’anacardier. Nous discutons avec les propriétaires des champs, et ils nous offrent bananes et pommes de cajou. Leslie tente quant à elle de kidnapper un gosse.
Puis nous nous dirigeons vers le Ghana. Nous quittons donc la Côte d’Ivoire après de nombreuses petites galères, mais surtout soulagés de les avoir toutes réglées. Notre visite s’est concentrée sur la côte sud et ses plages, et soyons honnêtes rien ne nous attirait vraiment vers le nord. Nous quittons momentanément la francophonie rentrons au Ghana, pour une quinzaine de jours.
Que de rebondissements cet article ! 😮💨