Un nouveau pays, et pas des moindres : le Nigeria. C’est LE pays craint sur le parcours, l’endroit où nous devons être particulièrement vigilants quant à notre sécurité. Le nord du pays est à proscrire complètement en raison de la présence de groupes terroristes, nous passons donc plus au sud. Le principal risque dans ce pays est celui du kidnapping. C’est une véritable industrie ici, de nombreux enlèvements se produisent partout dans le pays, avec l’espoir d’obtenir une rançon.
Nous partons à trois véhicules : Aurélien et Orane avec leurs deux enfants et leur gros camion Renault, Jade et Idriss avec leur Land Cruiser, et nous. Nous roulerons uniquement de jour et passerons chaque nuit dans un endroit sécurisé.
Nous faisons le plein de cash à la frontière, car il est difficile de retirer de l’argent ici. Problème : le plus gros billet est de 1 000 nairas, ce qui représente environ 0,65 €. Nous nous retrouvons donc avec de grosses liasses de billets, que nous nous empressons d’aller dépenser dans une station-service, le litre de gasoil étant à 0,75 € en moyenne.
Dès l’entrée dans le pays, nous sommes directement plongés dans l’ambiance : des dizaines de checkpoints, parfois à seulement 100 mètres les uns des autres. Police, armée, gendarmerie, milices (?), il y en a pour tous les goûts. Mais le pire, c’est la conduite : queues de poisson, dépassements à l’aveugle, à droite, à gauche, véhicules à contresens… Les Nigérians sont, pour l’instant, les pires conducteurs que nous ayons croisés. Nous traversons tant bien que mal Lagos, la plus grande ville d’Afrique. Pour notre première nuit, nous nous installons dans une sorte de camping et faisons la connaissance de Yannick et Geneviève, qui voyagent dans le sens inverse.
Les premiers jours se suivent et se ressemblent : nous roulons une bonne partie de la journée et trouvons un endroit sécurisé pour la nuit. Une église le deuxième jour, avec la visite de nombreux enfants de l’école voisine.
Après trois jours de route, nous nous arrêtons dans un monastère. Le lendemain matin, une visite d’une grotte et d’une cascade sacrée est organisée avec quelques pèlerins, sous l’escorte de deux gardes armés. Après 1 h 30 de marche dans la forêt et dans la rivière, nous arrivons à la cascade, située au fond d’une petite gorge. Nous nous joignons aux pèlerins pour une douche rafraîchissante !
Sur le retour, nous apprenons qu’un groupe de personnes a été kidnappé la semaine précédente. Impossible de savoir précisément le lieu de la capture, s’il s’agit de la route principale ou du chemin que nous venons d’emprunter. Mais nous comprenons mieux le comportement des gardes, qui nous ont imposé le silence à un certain passage dans la forêt. Une information que nous aurions préféré avoir avant le début de cette visite !
Après deux autres jours de route, nous faisons un détour vers un lieu atypique : une réserve de singes drills. Le chemin pour y accéder est compliqué : nous prenons un peu d’avance sur nos compagnons de route pour faire du repérage et, après un passage très difficile, la route est bloquée par un camion en panne. Demi-tour obligatoire, puis détour pour arriver via le village de Buanchor. En traversant ce village, nous sommes stoppés par quelques habitants, probablement éméchés, qui nous réclament une « taxe touristique ». Nous refusons, en disant que nous verrons cela sur la route du retour. L’un d’eux couche sa moto devant le camion, puis la déplace en comprenant qu’elle ne fera pas le poids. Nous démarrons, certains courent après le camion en essayant de s’y accrocher, un autre frappe violemment notre vitre passager. Nous passons finalement, mais les difficultés ne sont pas encore terminées : le camion a du mal à se frayer un passage entre les arbres, et ça passe au centimètre.
Une fois arrivés au ranch, le manager Zach nous apprend qu’il y a bien une taxe touristique à payer, mais directement dans le ranch, et qu’elle est ensuite reversée au village. Ceux qui ont tenté de récupérer la taxe espéraient simplement se la mettre dans la poche pour quelques bières gratuites…
Cela ne nous empêche pas de profiter du lieu. Nous y restons deux nuits, une pause bienvenue après le stress de la route. Il ne reste que 3 000 singes drills dans le monde, et ils ne vivent qu’au Nigeria, en Guinée équatoriale et au Cameroun. Ce site en abrite environ 650.
Ces singes sont très faciles à observer. Ils vivent en semi-liberté, pour éviter le braconnage : il y a plusieurs grands enclos sur la propriété, mais quelques-uns ont réussi à s’en échapper et traînent autour du camp le matin et le soir. Ils sont très pacifiques et un peu craintifs. Les mâles dominants ont une fourrure plus épaisse et un arrière-train aux couleurs très vives !
Il y a également quelques chimpanzés présents, et nous assistons à la distribution de nourriture. Ils sont très malins : pour réclamer des bananes supplémentaires, ils attrapent un caillou et menacent de le lancer sur les observateurs ! Ils sont d’ailleurs assez bons viseurs.
Nous profitons du calme des lieux : crêpes, fléchettes, barbecue, avec bien sûr la visite de nombreux singes. Notre préférée : une petite guenon à oreilles rouges qui se laisse facilement photographier.
Mais il faut bien repartir et reprendre la route. Une fois à Takum, nous sommes doublés par une voiture qui nous fait signe de nous arrêter. Un homme blanc en sort, accompagné d’un garde armé. Nous nous demandons qui sont ces gens, et nous apprenons qu’ils nous suivent depuis l’entrée de la ville en espérant pouvoir nous parler. Axel, un Belge vivant au Nigeria depuis 20 ans, possède un terrain non loin de là et nous propose d’y passer la nuit. Nous acceptons et passons une partie de la soirée avec lui.
Une grosse journée de route nous attend le lendemain et, en fin de journée, nous attaquons la montée vers les montagnes, où nous attendent 130 km d’une piste bien connue et redoutée des voyageurs. Les véhicules chauffent dans la montée, et le camion d’Aurélien et Orane tombe en panne. Bilan : une fuite d’air, mais Aurélien, le mécano, a tout ce qu’il faut pour réparer cela en une heure chrono.
Nous arrivons à nous installer avant la tombée de la nuit dans un village et démarrons la piste le lendemain.Une nuit au frais, à environ 1500 m d’altitude, un vrai bonheur après de nombreuses nuits caniculaires !
Cette partie du Nigeria est beaucoup plus tranquille, et plus belle aussi. La piste est dure, et nous ne dépassons pas les 15 km/h de moyenne. Certains passages sont très raides, la boîte courte du 4×4 s’avère d’une grande utilité. Mais nous avons de la chance, nous sommes en saison sèche.
Prendre son temps, c’est agréable aussi, et nous faisons d’ailleurs sur cette piste notre seul et unique bivouac sauvage dans ce pays.
Un second et dernier jour de piste, un peu plus roulant que la veille, un dernier village traversé au son des « Nassara, Nassara » (« le blanc, le blanc »).
Et ça y est, mission accomplie, nous sortons du Nigeria. Un bilan ? Heureux d’avoir passé cette étape, heureux aussi d’avoir pu profiter de quelques attractions touristiques. Les Nigérians sont très accueillants et heureux d’avoir la visite d’Occidentaux, mais l’insécurité reste un problème majeur et un frein énorme au développement du tourisme. Pour la grande majorité des voyageurs, le pays demeure un simple lieu de passage. Même si nous n’avons pas vraiment ressenti cette insécurité, la présence de gardes armés lors de nos nuits et les checkpoints omniprésents (certains voyageurs en auraient compté plus de 400 !) nous rappellent que le risque n’est pas à prendre à la légère.
Mais pour nous, c’est déjà de l’histoire ancienne. Nous rentrons au Cameroun et célébrons bien vite notre traversée réussie !
Coucou bien heureuse de vous savoir passer. Combien de km avez-vous parcouru au Nigeria ? Et comment avez-vous rencontré les autres pour former votre groupe ? Bisous
Super !