La Tanzanie, c’est un pays qui en fait rêver plus d’un : le Kilimandjaro, les Masaï, ses parcs animaliers — Serengeti et Ngorongoro en tête — Zanzibar… Des noms qui invitent à l’aventure, c’est certain. Mais nous faisons le choix de seulement traverser cet immense pays. Plusieurs raisons à cela : déjà, le prix astronomique des parcs : 83 $ pour 24 h par personne, plus 60 $ par personne pour le camping, plus 180 $ pour le véhicule… Et tout ça uniquement pour le Serengeti. Les autres parcs ont des tarifs du même ordre de grandeur. Alors tant pis, nous tirons un trait sur l’incroyable faune tanzanienne.
En plus de cela, des manifestations sont annoncées pour le jour de l’indépendance, le 9 décembre, suite aux précédentes élections. Juste après celles-ci, des émeutes ont éclaté dans plusieurs grandes villes du pays (700 morts), et tout était à l’arrêt : plus d’internet, plus de carburant, frontières fermées. Impossible de prédire la situation ; nous préférons donc être hors du pays à ce moment-là. La décision est donc prise : nous n’aurons qu’un court aperçu de la Tanzanie !
Entrés par le poste-frontière de Kasumulu, nous nous attendions à beaucoup d’attente, mais finalement, deux heures plus tard, nous étions passés. D’autres voyageurs ont mis cinq heures pour franchir cette frontière, estimons-nous chanceux ! Nous filons vers Mbeya, la première ville d’importance que nous croiserons. La route est de bonne qualité, mais impossible d’aller très vite : il y a des camions partout. Il suffit d’en doubler un pour se rendre compte qu’il en reste dix autres derrière. Arrivés à Mbeya, c’est encore pire : la circulation est un bordel sans nom. Entre les tuk-tuks, les minibus et les poids lourds, il faut avoir le cœur bien accroché ! Nous nous dépêchons de faire ce que nous avons à faire et quittons ce capharnaüm.
Nous enchaînons les kilomètres et trouvons plusieurs bivouacs sympas. Les locaux semblent indifférents à notre présence : ils nous saluent puis continuent leur chemin. Nous croisons surtout des agriculteurs et quelques éleveurs guidant leurs troupeaux de vaches aux cornes immenses.
Notre route nous fait traverser le parc national de Katavi. Nous pouvons passer gratuitement, puisque c’est le seul accès vers le nord. En revanche, interdiction de quitter la route principale ou de s’adonner à toute activité de « game viewing » : autrement dit, aucun arrêt pour observer des animaux (sauf s’ils bloquent la route, bien évidemment), et pas de photos. Les photos suivantes sont donc prises à nos risques et périls !
Lors d’une pause déjeuner dans un restaurant, nous rencontrons par hasard une famille de Suisses qui se dirige dans le sens inverse. Ils nous donnent quelques infos sur la route : en faisant un détour d’environ 200 km, nous pouvons éviter une longue portion de piste en tôle ondulée et rester sur du bitume de qualité, préservant ainsi notre monture. Nous suivons ce conseil, et nous réalisons un peu plus tard que nous ne sommes plus très loin du lac Victoria. L’occasion d’aller se poser quelques jours dans un camping au sud du lac : cette pause nous fera le plus grand bien, car nous enchaînons les kilomètres et les heures de route depuis notre entrée en Tanzanie.
Nous sommes rejoints pour notre dernière nuit par Pascal, que nous avions quitté au Malawi. Il nous raconte alors une sacrée aventure : la nuit précédant son arrivée, installé pour un bivouac près d’une grande ville, Tabora, il reçoit la visite de huit hommes de toute évidence alcoolisés, armés de matraques et, pour l’un d’eux, d’un pistolet. Il parvient à prendre la fuite, mais ils tirent sur son véhicule ; il finira par les semer après une course-poursuite de 20 km en pleine nuit, dans la ville… Heureusement, pas de dégâts autres que le trou d’une balle dans la portière, mais que d’émotions !
Une dernière journée de route pour nous, puis un dernier bivouac à une vingtaine de kilomètres de la frontière. La zone étant assez peuplée, nous sommes vite rejoints par de très nombreux enfants. Plusieurs d’entre eux se promènent avec de petites bouteilles dans lesquelles ils attrapent des criquets. Nous serons d’ailleurs témoins de la recette la plus rapide pour les manger : enlever les pattes, les ailes… et croquer directement !
Nous quittons le pays le lendemain matin, bien conscients de n’avoir eu qu’un aperçu de la Tanzanie durant les huit jours de notre traversée. Mais nous le savons bien : même en ayant du temps, il faut faire des choix.
