Pour entrer au Zimbabwe, nous choisissons un petit poste frontière. Cela a en général de gros avantages : peu de monde, des agents plus aimables, et moins de sollicitations de toutes parts par des vendeurs de cartes SIM, des changeurs d’argent ou des fixeurs — ces personnes qui, moyennant une contribution, se chargent de nous guider à travers les différents bureaux tout en facilitant les formalités.
Malgré cela, nous rentrons assez tard dans le pays, sous un crachin qui nous rappelle notre chez-nous. Nous bivouaquons pour cette première nuit dans le collège/lycée du mont Selina, où nous sommes très bien accueillis par le proviseur, habitué à laisser des voyageurs camper sur le parking.
Le lendemain, défilé d’élèves qui se rendent en cours tout en nous saluant, puis nous reprenons la route sous la même pluie fine qui nous a accueillis dans le pays.
Ici, la monnaie officielle est le dollar américain. Le pays a subi plusieurs crises économiques et une hyperinflation, et sa monnaie fut complètement dévaluée. Il existait ainsi des billets de plusieurs milliards de dollars zimbabwéens à la fin des années 2000, et même des billets de 100 000 milliards (!) dont la valeur avoisinait à l’époque 0,30 USD… puis plus rien du tout quelques semaines plus tard.
À la suite de cela, les monnaies étrangères se sont imposées naturellement, et aujourd’hui tout le monde utilise le dollar américain.
C’est donc munis de ces précieuses devises que nous nous rendons dans la région de Chimanimani pour visiter le parc national. Premier arrêt à la Tessa’s Pool et baignade bien rafraîchissante.
Retour ensuite dans la ville de Chimanimani : l’occasion d’aller dans un petit resto local où, pour 1 $ chacun, nous mangeons une assiette de poulet, légumes et sadza, une pâte de maïs. C’est aussi l’occasion de discuter un peu avec quelques locaux. L’accueil est excellent ici, l’un des meilleurs que nous ayons reçu en Afrique. Tout le monde est poli, presque personne ne nous demande de la nourriture ou de l’argent, les interactions sont plus authentiques et ça fait plaisir !
Puis petit arrêt à la cascade Bridal Veil.
Nous réservons une nuit de camping dans une zone plus reculée du parc. Et en effet, c’est isolé : à part le ranger qui vit là avec sa famille, nous sommes seuls. Alfred, c’est son nom, nous confie n’avoir en moyenne qu’un véhicule de touristes par mois.
Mais ça ne nous déplaît pas ! Le cadre est magnifique, et Alfred nous fait faire le tour des sites à proximité : quelques peintures rupestres et surtout la cascade située à dix minutes à pied du camp.
Nous redescendons une dernière fois vers Chimanimani, puis remontons vers le nord à travers les monts Bvumba. Rien de bien folichon malheureusement : les paysages sont morcelés par l’exploitation forestière.
Pas facile de trouver un endroit calme où se poser ce soir-là ; nous nous installons en bord de route, sur une aire de pique-nique. Quelques personnes viennent ensuite installer un chapiteau et nous apprennent que nous sommes sur le tracé du semi-marathon du lendemain ! Pas de problème : nous pouvons rester, nous serons aux premières loges pour encourager les coureurs le lendemain matin.
Réveillés tôt pour assister à la course (départ à 5 h 30 !), nous partons logiquement tôt une fois celle-ci terminée. Nous arrivons donc de bonne heure au parc national de Nyanga, ce qui nous laisse toute la journée pour profiter de la vue.
Nous recevons la visite de Maria, Naomi et Patience, venues faire leur lessive. Nous décidons de partir en balade pour les laisser tranquilles, mais la discussion s’engage et finalement Leslie se joint à elles pour apprendre les secrets d’un lavage à la main ultra-efficace !
Elles nous invitent ensuite à partager un repas chez elles, l’occasion d’échanger un peu plus. Nous parlons notamment de l’égalité homme-femme : c’est la femme qui s’occupe du bébé, du ménage, de la cuisine… et l’homme travaille. S’il ne travaille pas, ça ne change rien. Et si la femme travaille en plus de ça, ça ne change rien non plus ! Maria est veuve. Elle nous confie, à moitié sérieuse, qu’elle ne se remarierait qu’avec un Blanc. Ayant longtemps travaillé en Afrique du Sud chez des Blancs — comme de nombreux Zimbabwéens — elle reconnaît volontiers que la condition féminine y est meilleure.
Le lendemain, nous les emmenons voir les chutes de Mutarazi situées à proximité. Très hautes, mais presque à sec !
Pour mieux apprécier la vue, deux activités sont proposées : un pont suspendu ou une tyrolienne, pour la modique somme de 50 $ ou 80 $ par personne. Nous nous en passerons…
Après avoir redéposé nos voisines d’un soir, direction les autres chutes du parc : celles de Nyangombe. Elles sont incluses dans le même billet que les précédentes, et heureusement, car le prix est un peu élevé au regard de ce qu’il y a à voir. Il faut juste trouver le bon chemin…
Nous avons ensuite la possibilité de faire une randonnée sur un chemin balisé, sans guide et sans paiement — chose assez rare en Afrique ! Elle est courte (2 km aller) mais raide. Une fois le sommet atteint, nous profitons d’une belle vue sur les montagnes environnantes.
La traversée d’Harare est assez rapide ; nous prenons toutefois le temps de déguster quelques mets aux saveurs oubliées : kouign-amann et pain au chocolat au Café de Paris, puis fraises et myrtilles achetées en bord de route — enfin un peu de variété dans notre alimentation !
Une fois Harare passée et en direction de la Zambie, peu de choses à voir si ce n’est les grottes de Chinhoyi, un gouffre impressionnant que nous visitons en compagnie de nombreux élèves.
Il nous reste environ 250 km jusqu’à la frontière, que nous parcourons dans l’après-midi. Mais cette route n’est pas de tout repos : elle est certes bitumée, mais en mauvais état, et surtout de nombreux camions l’empruntent également. Pour couronner le tout, la température dépasse les 40 °C et même la clim a du mal à nous rafraîchir.
Nous restons donc deux nuits au camp Warthog, sur les rives du lac Kariba, afin de faire une petite pause dans la conduite. Depuis la piscine et la terrasse du restaurant, nous pouvons apercevoir zèbres, cobes (waterbucks) et mangoustes qui se promènent devant le lac, et même parfois jusque dans le campement ! Et la nuit venue, c’est un hippopotame qui vient brouter dans le camping… Mieux vaut faire attention et ne pas croiser son chemin de trop près.
Après cette pause bien méritée, direction la Zambie. Nous espérons pouvoir profiter de quelques parcs avant l’arrivée des pluies, annoncée d’ici une quinzaine de jours !
