Saint-Louis, Dakar et le nord du Sénégal

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Pour rentrer au Sénégal nous ne sommes pas seuls : en tout ceux sont 8 véhicules de touristes (et deux vélos, Sandra et Omar) qui passent la frontière en même temps. Est-ce la force du groupe ou non, nous ne le saurons jamais toujours est-il que nous passons sans encombre, plutôt rapidement et sans aucun frais imprévu. Par contre, au moment du passage du véhicule à la douane surprise : nous devons faire tamponner notre carnet de passage en douane sous 48 h à Dakar, à près de 300 km de la frontière (6h de route), alors que nous pensions avoir 5 jours pour le faire. Et notre nouvelle carte bleue est censée arriver à Saint-Louis sous 2 à 4 jours… Petit dilemme puisque nous aurions aimé prendre notre temps notamment à Saint-Louis, et que nous ne souhaitons pas faire la route deux fois. Affaire à suivre ! Nous nous installons en compagnie de Sandra et Omar à l’extrémité ouest de la ville et attendons le lendemain pour chercher une solution.

L’entrée dans Saint-Louis est un incroyable contraste avec la Mauritanie. On sort d’une république islamique pour rentrer dans un pays à majorité musulmane, mais quelle différence ! Des hommes et surtout des femmes qui semblent apprécier la vie, qui se mélangent, fréquentent les mêmes endroits, il y a de la musique partout… Un changement d’ambiance très appréciable.

Pour toi Simon
Leslie et ses nouvelles copines

 

Saint-Louis, et plus particulièrement son centre historique l’Île Saint-Louis, sont très paisibles, les gens très accueillants et souriants, cette ville donne envie que l’on s’y attarde. L’île est séparée du quartier des pêcheurs par le fleuve Sénégal, et les nombreuses pirogues nous permettent de prendre de jolies photos.

AVec Sandra et Omar nos amis cyclistes

 

Nous résolvons très facilement notre problème de timing : un saut au bureau des douanes de Saint-Louis nous permet d’allonger notre délai de 5 jours supplémentaires pour rejoindre Dakar, et notre carte bleue est en fait arriver depuis une journée, ça n’était juste pas indiqué sur le site de suivi de DHL ! Ce qui nous laisse la possibilité de passer une seconde nuit sur place, et de faire un crocher par Savoigne en direction du nord-est. Un petit souci mécanique sur la route nous oblige à l’arrêter mais nous avons à peine le temps de regarder qu’un jeune sénégalais s’arrête pour nous aider et va chercher un mécanicien dans le village voisin pour régler le problème.

 

Savoigne est surtout connue pour son église, et son atelier de moulage, tous deux fondés par un prêtre italien aujourd’hui décédé. C’est aussi un village ou cohabitent musulmans et chrétiens, avec pour seul sujet de discorde, aujourd’hui résolu, les bruits des cloches contre le bruit du muezzin ! Anecdote racontée par le directeur de l’atelier en personne, et qui d’ailleurs nous proposera de dormir dans l’enceinte de son établissement plutôt que d’aller chercher un endroit en dehors du village.

 

Le projet de pousser un peu plus à l’est est abandonné du fait de la météo qui s’annonce très, très chaude, et nous descendons tout doucement le long de la côte en espérant une fraîcheur qui n’arrivera pas vraiment, atteignant 43° à l’ombre au plus fort de l’après-midi. Contrairement à la Mauritanie il fait un peu plus humide et nous avons du mal à supporter cette température. Heureusement la mer n’est pas loin ce qui nous permet de nous refroidir… un peu, en compagnie des crabes.

Autre arrêt en route : le désert de Lompoul, un petit désert de 18 km², qui n’a bien sur rien à voir avec les dunes du Maroc ou les immensités de sable de Mauritanie, nous n’y faisons qu’un stop rapide. Malheureusement, ce site est certainement voué à la destruction puisqu’une mine de zircon s’est partiellement installée sur le site, et son agrandissement ne laisse que peu de place au doute.

Nous arrivons à Dakar un dimanche, ce qui apparaît être une très bonne idée pour éviter les bouchons. C’est Amaury et Angeliki, un couple franco-grec d’expatriés, qui nous accueille très chaleureusement chez eux avec leur trois enfants pour deux nuits. Nous n’avons malheureusement pas de photos, mais cette rencontre fut extrêmement enrichissante, nous apprenons beaucoup sur le Sénégal (ils vivent à Dakar depuis 4 ans), et sur l’Afrique en général, et nous ne sommes pas prêt d’oublier l’accueil qui nous a été réservé.

 

C’est d’ailleurs sur leur conseil que nous visitons la petite île de Ngor, au nord de Dakar. L’île se rejoint en pirogue ou à la nage, et une fois arrivé on se sent à des centaines de kilomètres de effervescence de Dakar. Le lieu est très paisible, de nombreux artistes y ont élu domicile et à cette époque pas encore rempli de touristes.

 

Le lendemain c’est une autre île, avec une histoire bien différente que nous visitons : celle de Gorée. Inscrite à l’Unesco depuis 1978, c’est un lieu important de l’histoire de la traite négrière, et le dernier lieu de passage pour de nombreux esclaves en partance pour les Amériques. Une estimation fait état de 900 à 1500 esclaves déportés par an durant 3 siècles. La maison des esclaves est un lieu de mémoire particulièrement symbolique de ces événements.

 

Le reste de l’île est très agréable et se parcourt facilement, avec ses petites ruelles, son architecture coloniale, ses jolis panoramas et ses baobabs, on est facilement séduit !

 

Nous quittons Dakar satisfaits, et rejoignons une nouvelle fois Omar et Sandra, qui nous ont rattrapés entre temps à la sortie de la ville. Après une dernière soirée ensemble, ils nous quittent en direction de Dakar, et nous restons un jour de plus dans un lieu tenu par Maryama et Souleymane, une espèce d’immense jardin ou tout pousse, et nous voilà à l’œuvre à récolter et couper du bissap / hibiscus !

La côte au sud du Dakar, appelée petite-côte, est également l’endroit le plus touristique du Sénégal, avec ses stations balnéaires et ses nombreuses plages. Nous n’en garderons pas un souvenir impérissable, même si la visite d’une fabrique de liqueurs à Warang fût bien agréable avec de nombreuses saveurs au rendez-vous.

 

Dernier arrêt avant de rejoindre l’intérieur des terres : le village de Fadiouth, construit sur une île artificielle faite de… coquillages ! On la visite en compagnie d’un guide qui nous montre les principaux points d’intérêts, et notamment le cimetière ou sont enterrés côte à côte chrétiens et musulmans.

 

Nous faisons également un court arrêt au niveau du baobab sacré de Fadial, apparemment le plus gros du pays (35 m de circonférence), et on peut en visiter l’intérieur, où loge une colonie de chauves-souris. Puis c’est l’heure de la pause café au milieu des baobabs…

 

Les élections législatives approchant, nous décidons de rester où nous sommes le temps qu’elles passent : le long d’un fleuve, farniente pendant 2 jours. Il vaut mieux rester à l’écart des villes en période électorale, les dernières présidentielles ayant été le cadre d’émeutes, notamment à Dakar. Mais finalement, rien à signaler dans le pays.

 

Nous décidons alors de nous rendre en Casamance, dans le sud du pays. Pour cela, il nous faut traverser la Gambie ou en faire le tour, soit un détour de 450 km. Les français n’ayant pas besoin de visa pour la Gambie, on s’imagine un passage relativement sans encombre et on choisit cette option. La sortie du Sénégal est rapide, le passage aux douanes gambiennes également – malgré une petite erreur du douanier sur notre carnet de passage – puis vient le passage à la police pour tamponner le passeport. L’agent nous demande 5000 CFA chacun (15€ au total) pour le tampon d’entrée, somme peu élevée mais absolument injustifiée. Nous demandons pourquoi nous devons payer, n’ayant pas besoin de visa, les arguments sont plutôt faibles ! «  C’est la loi ici, vous voyez l’uniforme ? Si je vous le dit c’est qu’il faut payer. » Nous rétorquons que nous sommes d’accord pour payer sans problème si les frais sont légitimes et si nous avons un reçu. On essaye de négocier, il ne nous donnera pas de reçu (normal puisque nous ne sommes pas censés payer) et nous dit de retourner au Sénégal et de faire le tour. Nous repartons avec nos passeports puis réessayons quelques minutes plus tard auprès d’un autre officier, et la rebelote : 10000 CFA, sans reçu, avec d’autres arguments : « nous les gambiens si nous venons en France nous devons payer un visa, donc vous quand vous venez vous devez payer aussi ». Oui monsieur, mais non en fait. Finalement il nous propose 20000 CFA, avec un reçu ! Certainement un coup de bluff… Il insiste, nous insistons, il nous dit que c’est injuste, on acquiesce et finalement il tamponne les deux passeports… Nous partons sans demander notre reste.

Comme on est pas trop rancunier voici une photo de la traversée du fleuve Gambie

 

On se dit que le plus dur est fait, on traverse les 30 km de route gambienne, et on arrive à la frontière. Toujours pas de problème à la douane, et toujours un problème à la police… Cette fois ils nous demandent 1000 CFA chacun (3€ au total), c’est certes peu mais toujours totalement injustifié et nous ne voulons pas participer à cette corruption. Nous posons les mêmes questions qu’à l’entrée (reçu, motif du paiement), nous recevons plus ou moins les mêmes arguments en retour, ou des règles totalement inventées : vous ne restez pas dans le pays, vous utilisez nos routes, vous devez payer ! Ben non toujours pas monsieur. Il nous demande si nous avons payé à l’entrée : nous disons non, et bien il faut donc payer à la sortie ! Finalement nous prétendons avoir mal compris la question et disons que nous avons bien payé à l’entrée, 5000 CFA par personne, et bien il faut payer ! Il n’y a pas de bonne réponse, et ils ne nous demandent plus 1000 CFA mais 5000 CFA chacun. Nous refusons, ils nous disent de retourner à l’autre poste frontière et de ressortir là-bas. Mais dans la confusion, le douanier qui tenait nos passeports a tamponné la sortie… Erreur ? Nous ne le saurons pas mais nous savons que nous pouvons désormais quitter le pays par ce poste frontière. On leur dit OK, on retourne là-bas, rendez nous nos passeports et on y va. On monte dans la voiture, et on ne fait pas demi-tour, on file direct vers le Sénégal. Un des policiers qui était dans le bureau nous voit, nous arrête, et nous demande de faire demi-tour. On joue alors au plus con en lui montrant nos passeports tamponnés, et que nous sommes bien en règle. Il nous réclame les passeports, on ne les lui donne pas, on avance et sa dernière phrase parvient à nos oreilles : « Si vous revenez en Gambie vous aurez des problèmes ! » On se demande bien comment puisqu’ils n’ont même pas enregistré nos noms pour la sortie, mais qu’importe nous ne comptons pas revenir. Une première expérience de tentative de corruption en Afrique, et pas des moindres, avec des agents très agressifs dès qu’ils ont compris qu’on ne voulait pas payer. On retourne au Sénégal un peu énervé, mais tout de même satisfait d’avoir évité 450 km de détour et surtout de ne pas avoir cédé, même si on en était pas loin à un moment. A nous la Casamance !

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